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DEUX DE TROUVÉES

sauver à notre tour ; en attendant, nous allons faire encore un poker.

— Ne badinez pas de choses sérieuses ; savez-vous qu’en effet, j’y pense maintenant, Clémence se doute de quelque chose ; elle m’a dit hier matin, quand je suis allé au marché un instant, qu’elle savait bien que nous avions passé tous trois la nuit à l’habitation des champs, et que nous méditions quelque mauvais coup. Je l’étranglerais cette chienne de vaurienne qu’elle est. Je sens que tôt ou tard elle nous fera pendre.

— Allons donc, vas-tu t’effrayer de ton rêve ? Nous dirons à maman Coco de veiller Clémence, jusqu’à ce que tout soit fait. Elle l’enfermera dans la cave, et tout sera dit.

Jacob regarda en ce moment par la fenêtre, et vit la mère Coco qui venait à travers les champs, avec un petit panier sous le bras. « Voilà maman, » cria-t-il.

Léon et François allèrent à la fenêtre : « c’est maman Coco, » répétèrent-ils. Jacob descendit pour ôter les verroux. Quelques instants après la mère Coco entrait ; elle monta et déposa son panier sur la table, autour de laquelle ses fils s’assirent avec elle.

— Je vous apporte des provisions pour la nuit, mes enfants. Je viens de voir M. Pluchon qui arrive, en squif, de la balise ; tout est bien. Le vaisseau était en vue ; Phaneuf courait après, et tout est arrangé pour que, demain matin entre neuf et dix heures, notre monsieur vienne nous faire sa visite. Voici ce que nous allons faire : toi, Jacob, tu te mettras au lit, dans la chambre au tribuchet ; tu t’es rompu la cuisse en tombant, tu entends.