Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 1, 1874.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
DEUX DE TROUVÉES

— Il est allé par en bas. — Vous ferez mieux de l’attendre.

En ce moment des sanglots se firent entendre en dehors de la maison ; et une pauvre femme, tête nue, les cheveux en désordre, entra en criant :

— Oh ! mes chers messieurs, mon fils, mon pauvre Jacob vient de se casser la cuisse, et je ne suis pas capable de le relever. Oh ! mon Dieu ! au secours ! et la vieille femme éclata en sanglots.

— Ma pauvre femme, lui dit le petit homme, je suis bien fâché de ne pouvoir vous assister, je suis pressé et je devrais être parti déjà, pour servir ce procès-verbal.

— Oh ! monsieur, ce n’est qu’à deux pas d’ici, ne pourriez-vous pas venir, seulement cinq minutes ? oh ! mon pauvre Jacob ! mon Dieu ! Allez-vous le laisser mourir ?

Et la vieille femme, les yeux tout en pleurs, son châle en désordre, semblait dans une telle désolation que Pierre de St. Luc, tout ému, lui dit avec bonté :

— Ne vous tourmentez pas, ma bonne vieille, je vais aller avec vous et vous aider. Où demeurez vous ?

— Oh ! mon monsieur, Dieu vous récompensera. Tenez, ce n’est qu’à deux pas, suivez-moi et courons — oh ! mon pauvre Jacob !

Et la vieille femme, dans laquelle on aura sans doute reconnu la mère Coco-Letard, conduisit par des sentiers détournés, le capitaine Pierre jusqu’à l’entrée de la plaine, d’où, dans la distance, on apercevait son habitation des champs.

— Vous êtes trop bon, mon cher monsieur, Dieu vous bénira pour ce que vous voulez bien faire pour moi. Nous arrivons, tenez, voici ma demeure.