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UNE DE PERDUE

Je vais appeler un des gardiens pour rester au parloir durant votre absence.

— Merci, monsieur le docteur ; je ne serai pas longtemps, dans dix minutes je serai de retour.

Et Jérémie partit sans s’occuper de qui garderait son parloir. Le docteur savait bien qu’il serait au moins une bonne demi heure avant de revenir ; c’est tout ce qu’il voulait. Quand Jérémie fut hors de vue, le docteur tourna la clef de la porte d’entrée, ainsi que de celle qui communiquait du parloir à l’intérieur du logis. Le docteur prit l’index des régistres, où on entrait les noms des aliénés, et il lut : « Jérôme, folio 4, page 147. » Il ouvrit le folio 4, tout couvert de poussière, et il lut à la page 147 : « Jérôme — orphelin, parents inconnus, abandonné sur la levée au bas du couvent des Ursulines ; âgé de — amené à cet Hospice, le 5 avril 1826, par une femme se nommant Coco-Letard ; deux vieux livres ont été remis par la femme disant qu’ils appartenaient à l’enfant ; je les ai attachés d’une ficelle et étiquetés No 278. Ils sont dans la chambre aux étiquettes. Signé, P. Asselin, P. H. A. »

Le Dr. Rivard vit avec satisfaction qu’il n’y avait pas de notes à la marge. Il remit avec précaution l’index et le registre à leur place, après en avoir pris un extrait. Il passa dans la chambre aux étiquettes, dont la porte donnait dans le parloir ; la clef était à la serrure. Une foule de paquets de toutes sortes, de toutes grosseurs, de toutes façons, étaient rangés avec ordre sur des tablettes, ayant leurs étiquettes en dehors. Le Dr Rivard n’eut pas de difficulté à découvrir le No 278 ; il détacha la ficelle et ouvrit les deux bouquins, dont les premières feuilles étaient