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UNE DE PERDUE

des comptes ! Nous serons donc seuls, car on ne règle pas de comptes en compagnie. Ça me va à merveille. Je n’accepte jamais d’invitation, mais celle-là ! c’est bien différent ; j’irai ; oh ! oui, j’irai.

Et puis, exclama le docteur, en se jetant dans son fauteuil, et essuyant la sueur de son visage, les choses vont pour le mieux. Les régistres corrigés ; Jérôme qui sait par cœur son âge, son nom et celui de sa mère et le lieu de sa naissance ; Asselin parti ! Que l’on dise qu’il n’y a pas une providence qui veille à tout, maintenant ! Mais le plus difficile n’est pas encore fait. Pierre de St. Luc m’embarrasse ; quoique Pluchon soit à ses trousses, je ne suis pas sans inquiétude à son égard. Pluchon est une fine mouche, mais il manque de caractère, ça n’a pas plus de cœur qu’une poule ! Je sais bien qu’une fois Pierre de St. Luc en sûreté à l’habitation des champs, il n’y aura plus rien à craindre de ce côté ; mais le tout, c’est de l’y conduire ! Je voudrais bien savoir s’il sera encore longtemps en mer. Il y a déjà deux jours que le Sauveur est arrivé, le Zéphyr ne doit pas tarder. Allons ! pourquoi me casser la tête de cela ? Jusqu’ici tout ne semble-t-il pas me sourire ? Comptons sur notre étoile qui n’est pas encore éclipsée.

Après avoir fait cette consolante réflexion, le docteur prit son livre de compte, et prépara le mémoire de frais et visites que lui devait le juge de la Cour des Preuves, qu’il plia et mit dans son portefeuille. Après cela il écrivit un mot à l’adresse de M. Pluchon, qu’il envoya à la poste.

Quand sept heures sonnèrent, le docteur Rivard se rendit chez le juge de la Cour des Preuves, où il était