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UNE DE PERDUE

— Et s’ils ouvrent la porte, que ferons-nous ?

— Nous parlé, nous demandé, nous cherché ; dans tout cas toué faisé comme moué, moué faisé comme toué ; moué tapé, toué tapé ; moué couri, toué itou.

— Oh ! quand à ça compte sur moi, car nous pouvons tous les deux nous attendre à une partie de coup de poings ; mais ça, ça me chausse !

À travers la plaine, la vieille Coco avait vu venir ces deux hommes, dont un nègre. À mesure qu’ils approchaient de sa demeure, elle sentait de vagues craintes à l’endroit de son prisonnier, dont elle ignorait la situation en ce moment. Une visite à l’habitation des champs était chose si inusitée ! Ce qui la consolait pourtant, c’était d’abord que le prisonnier ne criait jamais, si ce n’avait été un peu la veille, et que d’ailleurs ses cris pouvaient à peine se faire entendre ; ensuite ils n’étaient que deux contre trois !

Quand les deux visiteurs ne furent plus qu’à une couple d’arpents, elle appela Léon et François, deux puissants auxiliaires au besoin, auxquels elle fit part de ses inquiétudes. Après avoir délibéré quelque temps, ils convinrent d’ouvrir la porte sans difficulté si ces hommes venaient à la maison, malgré l’avis de François, qui était d’opinion de ne point ouvrir et de ne point répondre. Mais la crainte que ces étrangers ne découvrissent le soupirail du cachot, ou n’attirassent l’attention du prisonnier s’ils frappaient trop fort à la porte, leur fit prendre une résolution différente de l’avis de François. La vieille Coco courut jeter le tapis par dessus la trappe, et Léon descendit ouvrir au premier coup que frappa Trim. Il fit un salut à Tom et ne fit pas attention à