Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 1, 1874.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
319
DEUX DE TROUVÉES

que dans celui du public, je serais d’opinion de l’annexer au dossier de la cause, si toutefois vous n’y avez pas d’objection formelle. La cour permettra-t-elle à M. le greffier de donner lecture de ce petit papier, avant de décider si ma proposition est convenable ?

— Certainement, répondit le juge ; tout ce qui peut jeter un jour favorable sur cette cause doit être entendu. Lisez, M. le greffier.

M. Préau passa au greffier le petit papier qu’il tenait à la main. Le docteur Rivard était sur les épines, malgré l’assurance de son avocat qui lui disait : « que la preuve était écrasante et que rien ne pourrait l’affecter. » Le juge était sérieux. Le public attendait et conjecturait, sans savoir ce qui allait arriver.

Le greffier lut à haute voix, au milieu du plus profond silence :

« Extrait du Régistre des Baptêmes, Mariages et Sépultures de la paroisse de Natchitoches, État de la Louisiane, pour l’année 1825.

Le 25 août 1825, par nous, prêtre soussigné, a été enterré Alphonse Pierre, décédé hier, à l’âge de deux ans, trois mois et trois jours, fils légitime de sieur Alphonse Meunier et de Léocadie Mousseau, ses père et mère. »

« B. Berlinguet, Ptre Curé. »

Aux premiers mots, le docteur Rivard devint extrêmement pâle, et, malgré son admirable talent de cacher ses sensations sous un masque de complète dissimulation, le choc était si inopiné, si imprévu, que tous ses membres tremblèrent. Il baissa la vue, pour