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UNE DE PERDUE

André Lauriot, qui se tenait près de la porte, alla à la voiture qui était demeurée stationnée en face du Palais de Justice, et en fit descendre une femme habillée en noir ; un voile épais empêchait de distinguer ses traits.

— Quel est votre nom, madame, lui demanda M. Préau, aussitôt qu’elle fut entrée dans la boîte aux témoins.

— Marianne Coco dit Létard, répondit le témoin d’une voix forte, en relevant son voile d’un geste dégagé.

— Avez-vous connaissance d’un petit enfant du nom de Jérôme, qui fut conduit à l’hospice des Aliénés, vers le 5 avril 1826 ?

— Oui, monsieur, c’est moi-même qui l’y ai mené.

— Le reconnaîtriez-vous, si vous le voyiez ?

— Je crois bien qu’oui ; après l’avoir eu quatre à cinq ans sur les bras, je ne dois pas l’avoir oublié ! Tenez, le voilà à côté du docteur Rivard.

Le docteur fronça le sourcil.

— Connaissez-vous les parents de l’orphelin ?

— Sans doute.

— Quels étaient ses père et mère ?

— Sa mère s’appelait Irène de Jumonville, qui est maintenant folle.

— Et le père ?

— Le père ! C’est le docteur Rivard, qui est assis là.

Le docteur lança un regard fulgurant sur la Coco. Un murmure d’étonnement mêlé de curiosité circula parmi la foule, qui était intéressée au plus haut point.