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DEUX DE TROUVÉES

— J’objecte, dit M. Duperreau, à ce que M. Préau continue à examiner le témoin concernant l’orphelin Jérôme. Que nous importe maintenant de savoir quels sont ses parents, puisque nous reconnaissons qu’il n’est pas l’héritier de feu M. Meunier.

— Oh ! je n’insiste pas, répondit en souriant M. Préau ; j’ignorais que M. le docteur Rivard fut marié, et que sa femme fut folle. C’est un malheur qui retombe sur son fils, et dont je le plains de tout mon cœur.

Cependant, si la Cour veut me le permettre, je ferai une observation, une seule, ajouta M. Préau ; c’est que ce que vient de dire le témoin ne peut aucunement affecter la haute estime que le public entretient pour le docteur Rivard. Si le docteur était marié avec cette Irène de Jumonville, il n’y a rien de surprenant qu’il ait eu des enfants.

Le docteur Rivard ne savait comment s’expliquer la conduite de M. Préau, qui, par ses paroles, semblait être en sa faveur, et qui néanmoins lui portait les coups les plus sensibles par ses actes. Était-ce un malheureux hasard ou une cruauté raffinée, d’autant plus torturante qu’elle était plus lente et plus cachée ? Il attendait le dénouement avec une pénible anxiété. Ses tribulations et ses espérances avaient été, tour à tour, si brutalement détruites et excitées, qu’il regrettait presque les démarches qu’il avait faites. Mais quand il pensait aux cinq millions, comment pouvait-il reculer, tant qu’il y avait une lueur d’espoir ? Et M. Préau lui-même ne venait-il pas de la faire luire plus vive que jamais !

— Messieurs, dit le juge, avez-vous quelque chose à dire ?