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UNE DE PERDUE

Et un canon tonna, son boulet allant ricocher à l’avant de la polacre.

— Ah ! ah ! s’écria le capitaine, il montre ses couleurs ! c’est un pavillon Hollandais. Et la polacre s’avançait toujours, en maintenant sa position par le travers du Zéphyr.

— Babord la barre !

— Babord la barre, répéta le timonier.

Au mouvement du gouvernail, le Zéphyr, arrivant un peu, prit plus de vent dans ses voiles et s’élançait gracieusement en s’éloignant graduellement de la polacre, qui serrait au plus près afin de ne pas dépasser le Zéphyr, qui était sous le vent à elle.

La polacre exécuta la même manœuvre que le Zéphyr et fit une semblable arrivée.

— Capitaine, ce vaisseau manœuvre comme nous que prétend il faire ?

— Je n’en sais rien, répondit celui-ci en secouant la tête ; je n’aime pas son apparence ; et j’aime encore moins celle de cette corvette, qui charrie de la voile, plus qu’il n’en faut pour marcher décemment.

Il faisait alors grand jour et l’on pouvait facilement distinguer la corvette, qui n’était guère plus qu’à quatre à cinq milles, et gagnait à chaque instant sur le Zéphyr qui n’avait pas encore toutes ses voiles dehors.

En ce moment, Trim, le gros nègre, qui regardait attentivement la polacre, appuyé sur le bastingage de bâbord, fit signe à Tom de venir près de lui.

— Tom, lui dit-il quand il fut arrivé, je ne sais si je me trompe, mais ce vaisseau m’a tout l’air d’une certaine polacre que nous avons rencontrée aux environs du Cap Frio, il y a un mois, lorsque nous