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DEUX DE TROUVÉES.

thie ne se déclarait pas encore ouvertement, en plein jour ; mais dans les rencontres particulières, le soir, ils en venaient presque toujours aux voies de fait. Des deux côtés ils se recherchaient ; les Canadiens n’étaient presque jamais les agresseurs, mais une fois la lutte engagée, ils en sortaient presque toujours à leur avantage ; à moins qu’ils ne fussent forcés de succomber sous le nombre.

Le Coin Flambant était devenu célèbre par les rixes dont il était le théâtre presque toutes les nuits. Trois à quatre maisons, tenues par des personnes d’une réputation plus que douteuse sous le rapport de la morale, attiraient beaucoup de jeunes gens. Un cabaret, où l’on débitait de la liqueur d’assez bonne qualité et où l’on tenait plusieurs tables de jeux, se trouvait juste en face d’une maison peinturée en rouge, qui lui avait fait donner le nom de Coin Flambant que portait le quartier. Cette auberge, d’assez modeste apparence au dehors, était souvent le théâtre de terribles orgies. C’était là que se rencontraient assez fréquemment les plus turbulents et les plus exaltés des deux partis ; mais comme il avait été convenu, d’un tacite et commun accord, de regarder ce lieu comme un terrain neutre, on n’y parlait jamais politique ; ce qui n’empêchait pas que sous d’autres prétextes on n’élevât des querelles dont les haines de races était la cause. Une enseigne au dessus de la porte, portait ces mots ambitieux « Hôtel St. Laurent. »

Un peu plus bas, en descendant la rue St. Constant vers le Champ de Mars, il y avait une maison, à deux étages, en bois ; on y montait par un perron de cinq à six marches. C’était une taverne où l’on