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UNE DE PERDUE

— Vous croyez que les Fils de la liberté n’ont pas d’autres desseins ?

— J’en suis certain. Ils se rassemblent régulièrement tous les lundis ; jusqu’ici il n’y a rien eu d’illégal dans leurs assemblées ; il n’y a eu aucun trouble, aucun désordre. Laissez-les faire, et vous verrez qu’avant peu la société se dissoudra d’elle-même.

— Mais pourquoi se sont-ils organisés en divisions militaires ?

— Mille pardons, Milord ; on vous a mal renseigné, leur organisation ne comporte nullement des divisions militaires ; ce sont des sections locales, comme la section du faubourg Québec, du faubourg St. Laurent, St. Antoine, de la ville, afin de pouvoir avoir des assemblées particulières dans chacun de leurs quartiers, sans besoin de convocation générale. Mais tout cela, croyez-le, est tout autant pour le plaisir de la chose que pour celui qu’ils se promettent de bien rosser le Doric Club, s’ils le peuvent. Que voulez-vous que mille ou douze cents jeunes gens, presque des enfants, fassent sans armes dans une ville comme Montréal, quand même ils auraient des intentions mauvaises, ce qu’ils n’ont pas ?

— C’est assez mon opinion, reprit Lord Gosford après un instant de réflexion, mais ceux qui me conseillent sont d’une idée différente. Ils considèrent que Papineau tend à révolutionner le pays ; et ce qui les porte à la croire c’est la conduite de la Chambre d’Assemblée. J’ai voulu essayer la conciliation, eh ! bien, vous connaissez leur réponse fière et arrogante.

— Ceux qui vous conseillent, Milord, excusez-moi si je prends la liberté de vous parler franchement…