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DEUX DE TROUVÉES.

— Parlez, parlez, M. de St. Lue, j’aime à vous entendre dire ce que vous pensez ; au moins vous, vous n’êtes pas mû par des sentiments d’hostilité politique ou de races.

— Milord, c’est justement parceque je suis étranger à tous les sentiments qui, dans ce pays, semblent exciter une partie de la population contre l’autre, que je pense pouvoir juger les choses sans passion. Vous venez de le dire, Milord, les sentiments d’hostilité, soit d’origine soit politique ou autres, faussent les idées.

— Ce n’est malheureusement que trop vrai.

— Eh ! bien, Milord, quels sont ceux qui vous entourent, quels sont ceux qui assistent à vos conseils ? Des hommes hostiles aux Canadiens, qui ont intérêt à les calomnier, qui cherchent à les pousser à des actes de résistance qu’ils convertiront ensuite en actes de trahison, afin de les rendre criminels à vos yeux et aux yeux des autorités en Angleterre.

— Vous pensez donc que les Canadiens ne songent point à se révolter, reprit Son Excellence, qui décidément paraissait partager l’opinion contraire.

— S’ils songeaient à se révolter, Milord, répondit de St Luc avec animation, vous verriez des organisations partout ; ils achèteraient des armes, et ils n’en ont pas. J’ai un peu visité les campagnes, avec ce M. DesRivières dont vous venez de parler ; or, nous n’avons ni vu ni entendu rien pût donner à soupçonner que l’on songeât, le moins du monde, à un soulèvement quelconque. J’ai assisté à quelques-unes des réunions locales des Fils de la liberté, et je n’ai rien entendu de révolutionnaire. Toutes leurs dispositions, tous leurs discours tendaient à préparer