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UNE DE PERDUE

— Oh ! ce n’est pas tout, nous avons décidé de jouer au vendeur de plomb. Connaissez-vous ce jeu-là ? C’est un amusement tout canadien et fort joli. Voulez-vous en être ?

— Bien volontiers ; vous me direz ce qu’il faut faire.

— Ce n’est pas difficile. La compagnie s’asseoit autour de la chambre ; une personne tient un bol d’eau d’une main et, de l’autre, une serviette qu’elle trempe dans l’eau ; elle va des uns aux autres demandant « si on veut acheter de son plomb ? » Il ne faut pas répondre ni « oui » ni « non. » À celui qui répond « oui » ou répond « non », elle lui en donne sur la figure légèrement, plus ou moins, du bout de la serviette trempée, pour le punir ; et de plus il est condamné à donner un gage. Ah ! c’est joli, vous verrez ; mais prenez garde de dire « oui » ou « non. »

— Et ce gage ?

— Ah ! il faut le racheter, et c’est celui ou celle qui a payé le dernier gage qui fixe le prix du rachat.

— Ne jouez pas, M. de St. Luc, dit Madame de St. Dizier en riant, elles ont toutes conspiré contre vous.

— Oh ! alors, je serai un martyr, et c’est ce qui me décide.

— C’est moi qui vais vendre le plomb, dit Hermine ; prenez garde à vous, M. de St. Luc.

St. Luc, qui s’attendait à trouver de la tristesse dans cette maison, fut bien surpris d’y rencontrer tant de gaieté ; et il se réjouit de voir que l’on ne songeait qu’à l’heureux dénouement d’un événement qui aurait pu être si terrible.