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UNE DE PERDUE

veut dire que si nous étions une vingtaine, nous pourrions les faire tous prisonniers.

— Et pourquoi n’essayerions-nous pas ? demandèrent les jeunes gens en se rapprochant.

— J’y pense. Allons, en route, et dru !

Ils continuèrent d’un pas rapide et léger, si léger, qu’ils s’entendaient à peine marcher sur l’herbe et la neige des champs.

— Halte ! cria Siméon, en couvrant sa voix pour la rendre moins sonore ; j’ai entendu le cri d’un canard du côté de la rivière ; c’est Baptiste.

Un instant après ils virent deux ombres qui venaient par le chemin. Deux hommes s’avançèrent à leur rencontre sans dire mot. C’était leurs éclaireurs venant leur annoncer qu’ils avaient aperçu les troupes, marchant sur la grève, le long de la rivière. Ils entendaient le pas des chevaux de la cavalerie dans la boue.

— Va-t-on commencer le charivari à c’t’heure ! demanda quelqu’un.

— Non pas, non pas, répondit Meunier. Ecoutez bien ce que nous allons faire, et prenez garde de ne pas vous tromper. Trois vont rester en arrière et suivre au petit pas se tenant à peu pros la même distance des troupes. Deux vont prendre les devants et se rendre à la coulée qui est à une demi-lieue d’ici, ils enlèveront les planches du pont ; aussitôt que cela sera fait ils donneront le signal : un coup de corne, vous savez, long et prolongé. Si la tête de l’armée est trop près de la coulée pour que vous puissiez enlever les planches, vous irez jusqu’au ravin, et là vous enlèverez les planches du pont : pour signal, vous tirerez deux coups de fusils l’un après l’autre.