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DEUX DE TROUVÉES.

après la bataille. Un seul avait des pistolets, les autres avaient des couteaux ordinaires pointus et bien affilés, et des gourdins de merisier.

Aussitôt qu’ils eurent dépassé le village, ils s’arrêtèrent pour se consulter ensemble. Il fut convenu que deux marcheraient en avant, à une dizaine d’arpents, l’un dans le chemin et l’autre dans le champ ; que le reste de la bande suivrait par les champs jusqu’à ce qu’ils aperçussent les troupes. Avant de se remettre en marche, ils essayèrent tour à tour leur corne, afin d’en mesurer la portée. Le son rauque retentit dans le silence de la nuit, et éveilla un formidable hurlement des chiens du village.

— Ca ira ; dit, en riant, Siméon.

La nuit était sombre et noire ; il ne ventait pas, mais une neige épaisse et humide tombait en abondance. Ils marchèrent rapidement, au pas de course, pendant à peu près une heure, franchissant les fossés, sautant par-dessus les clôtures, piquant aux raccourcis. Ils ne rencontrèrent qu’un soldat blessé, qui, ne pouvant continuer sa route, s’était jeté à terre, le long des clôtures. C’était un mousquet et une baïonnette de plus, dont ils s’emparèrent.

— Prenons la giberne, dit Siméon ; voyons s’il reste encore bien des cartouches.

La giberne ne contenait plus qu’une seule cartouche. Le mousquet était chargé.

— Bon ! dit Siméon, les troupes n’ont plus d’ammunition : dans tous les cas, elles n’ont pas plus d’un ou deux coups à tirer, entendez-vous, mes gens ?

— Oui, oui.

— Eh bien ! savez-vous ce que ça veut dire ça ? ça