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DEUX DE TROUVÉES.

mit un cigare allumé. Le chien tira plusieurs bouffées de fumée, assis gravement sur la cassette.

— Bibi est délicat, Messieurs, il ne fume que des meilleurs cigares de la Havane, dit le colporteur, en prenant le cigare et le montrant à un des officiers. Messieurs, il m’en reste encore une boite, voulez-vous la tirer à la rade ? vous êtes dix ; seulement trente sols chaque.

— Pas besoin de tirer à la rafle, répondit M. de Rouville, je vais te la payer.

— Non pas, non pas, dit le colporteur en tirant un papier et un crayon de sa poche ; j’ai fait vœu de ne disposer de mes boîtes qu’à la rafle ; ça me porte chance. Tenez, M. de Rouville, mettez votre nom sur le dernier numéro.

Le colporteur passa la liste ; chacun mit son nom et prit un numéro. Il restait encore un numéro.

— Ce numéro est pour Bibi, Messieurs, vous n’avez pas d’objection, dit le colporteur ?

— Non, non, pas du tout, répondit le colonel.

— Viens ici, Bibi, touche la plume.

Bibi vint gravement mettre sa patte sur le bout du crayon pendant que son maître traçait une croix sur la liste de la rafle vis-à-vis le numéro un, qui n’avait pas été retenu.

Le colporteur prit un morceau de papier qu’il coupa en onze petits morceaux, exactement semblables, sur l’un desquels il fit une croix.

Celui qui tirera ce morceau de papier-là aura gagné, dit il, en montrant celui sur lequel il avait fait la croix.

Après avoir plié les petits morceaux de papier, les