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UNE DE PERDUE

terrain vacant, en arrière de la brasserie ; par cette issue on gagnait dans la rue St. Maurice.

Les nouvelles de la défaite à St. Denis et de la victoire à St. Charles, étaient parvenues presqu’en même temps à Montréal. Les haines et les passions politiques s’étaient développées avec une intensité d’autant plus grande que les bureaucrates, comme on appelait’alors les partisans du gouvernement, avaient un instant eu une terrible peur des résultats de l’affaire de St. Denis.

Les arrestations se faisaient indistinctement de ceux qui avaient pris une part, active à la révolte, et de ceux qui étaient demeurés parfaitement tranquilles. Les animosités personnelles, les vengeances particulières trouvaient leur satisfaction dans ces arrestations. C’était un temps de terreur. Les autorités, ne pouvant distinguer les innocents de ceux qui étaient compromis, jettaient en prison tous ceux qu’on leur signalait. À l’abri de ces arrestations politiques, qui se faisaient presque toutes durant la nuit, des vols audacieux et des pillages étaient commis. Plusieurs actes de barbare atrocité furent plus tard découverts, mais les auteurs ne purent être trouvés.

Presque toutes les familles canadiennes avaient à déplorer soit l’emprisonnement, soit la fuite d’un père, d’un frère ou d’un fils.

Des volontaires, composés en partie de ceux qui étaient les plus violents ennemis des canadiens, avaient été enrôlés. Ils faisaient la patrouille et gardaient les portes de la ville qui avaient été construites à l’entrée de chaque faubourg, afin que