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UNE DE PERDUE

et un escalier communs servaient aux personnes qui occupaient cet étage, pour entrer et sortir sur la rue Notre-Dame.

C’est un dimanche ; la demie de cinq heures vient de sonner. Il fait nuit. Une femme, dont le pas leste et rapide trahit la jeunesse, regarde de chaque côté avant de se hasarder à entrer et de monter l’étroit escalier de cette maison.

Nous la précéderons de quelques instants, afin d’avoir une idée plus exacte des lieux avant qu’elle monte.

Entrons d’abord chez la modiste ; c’est une dame d’un certain Age ; elle est assise dans un fauteuil, les lunettes sur le nez, lisant dans une bible, tandis que son mari ronfle sur un sofa.

Un petit cabinet de toilette sert dans la semaine aux pratiques pour essayer les robes ou autres objets qu’elles font faire. Ce cabinet ne contient rien de bien remarquable : une table avec un miroir, placé prés de la cloison, en bois, qui sépare cet appartement de la chambre du vieux garçon ; un sofa et deux chaises, voilà pour son ameublement.

Passons dans celle du vieux célibataire dont on entend la voix nazillarde à travers la cloison. C’est un assez joli appartement. Un tapis de laine couvre le plancher ; un petit poële en fonte, sur lequel bout un canard rempli d’eau, réchauffe aussi la chambre. Du lit est dans un coin ; sur une table, il y a un bol vide, avec une grande cuillère de fer argenté. Le vieux garçon ne paraît pas être sorti de la journée ; il est en robe de chambre de laine, à ramages bleus et rouges sur un fond orange ; étendu sur une espèce de divan, il fuma dans une écume de mer, en écou-