il faut partir cette nuit pour être rendus avant le jour à la Côte des Neiges.
— Tu as raison, c’est demain lundi ; c’est le jour où l’artillerie va exercer les chevaux en faisant le tour de là montagne. Te rappelles-tu combien il y a de canons ?
— Onze, et autant de caissons. Quatre chevaux à chaque voiture. Quatre hommes par voiture ; deux à cheval, deux assis sur la voiture, point armés, en tout quatre-vingt huit hommes pour les voitures ; et quatre cavaliers à cheval. Voilà ce que nous écrit Chénier.
— Où as-tu mis la note ?
— Je l’ai déchirée.
— J’entends du bruit.
— Moi aussi ; ça m’a l’air du signal d’Henriette ?
— Levons-nous ? je vais aller regarder par la lucarne. Oui ; c’est ta sœur. Va ouvrir. Non, arrête, il y a un homme, il s’éloigne. Qu’est-ce que cela veut dire ?
— Peux-tu le distinguer ?
— Non.
— C’est peut-être Chénier ?
— Ou St. Luc ?… J’entends encore le signal. Elle parait pressée, vas ouvrir.
Quand le verrou fut tiré, Henriette se jeta dans les bras de son frère, et lui dit :
— Sauvez-vous, votre retraite est découverte.
— Quel est l’homme qui est dehors ?
— M. de St. Luc.
— Ce n’est pas de lui que tu as peur ?
— Non ; les volontaires, M. Édouard et un autre. Ils vont venir !