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DEUX DE TROUVÉES.

instant dans l’espece de grenier, qui se trouve dans la brasserie de M. Daubreville.

Il fait noir ; il n’y a pas de lumière. Une paillasse est dans un des coins du grenier ; deux robes de buffles, jetées sur la paillasse, servent de couverture à deux hommes qui sont couchés et dorment. Deux paires de pistolets chargés, sont sur un baril, à portée de leurs mains ; deux poignards, espèce de bowie-knives affilés et tranchants, sont sous l’oreiller de plume, sur laquelle reposent leurs têtes. Ils se sont couchés tout habillés, comme ils l’ont fait depuis huit jours qu’ils sont dans ce méchant réduit. Ils ont leurs casques sur la tête ; il fait froid, plus froid que dehors ; car l’atmosphère renfermée n’a point été réchauffée par les rayons du soleil. Ils dorment tous deux le jour, parce que la nuit ils sont obligés de veiller pour attendre les nouvelles qu’on peut leur communiquer et se tenir prêts à toute éventualité, ainsi que pour recevoir les provisions qu’on doit leur apporter. Bientôt l’un d’eux se réveille. Il écoute un instant puis il pousse son compagnon.

— Entends-tu ?

— Quoi ?

— Écoute.

— Ce n’est rien ; ce sont les rats qui rongent le papier dans lequel j’ai laissé le fromage.

— Levons-nous.

— Pourquoi ? je n’attends pas Henriette avant neuf heures ; tu sais qu’elle doit s’informer, avant de venir, si Chénier a tout arrangé pour demain.

— Dis donc cette nuit ; car si les hommes sont prêts,