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UNE DE PERDUE

— Relâchez-moi de suite, vous voyez bien que je suis tout trempé, et que je vais attraper un rhume affreux si je ne change pas de vêtements.

— Impossible. Attendez quelques instants.

Le pauvre M. Édouard, malgré toutes ses protestations et sollicitations, fut obligé de rester à la station de police plus de trois quarts d’heure.. Enfin l’arrivée du sergent de police, qui le connaissait, vint mettre fin à son emprisonnement.

— Je suis fâché, M. Édouard, lui dit-il, que vous ayiez été l’objet d’une grande méprise.

— Une grande méprise, oh ! oui, et une grosse ! Votre police, monsieur, est bien brutale et bien bête ; c’est tout ce que je puis en dire ; et ce n’est pas trop.

M. Édouard, en sortant de la station, prit une voiture et se fit conduire à son logis où, en arrivant il ne fut pas peu surpris de voir une chandelle allumée sur la table et le volontaire, son ami, étendu sur le soda et ronflant comme un bienheureux.

— Tiens, se dit M. Édouard, il ne manquait plus que ça ; par exemple ! comment diable se trouve-t-il ici ? je croyais que c’était lui qui avait averti la police !

M. Édouard secoua le volontaire, pour le réveiller. Après quelque temps d’efforts inutiles, il se décida à se coucher, ne voyant rien de mieux à faire dans les circonstances.

Il ferma sa porte à clef ; mit deux gros morceaux de bois dans le poêle et se déshabilla. Il eut de la difficulté à ôter son habit, les reins lui faisaient mal ; il portait aux bras et aux épaules les marques des coups de canne qu’il avait reçus. Il se frotta, se