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DEUX DE TROUVÉES.

brossa et se prépara un généreux punch à l’eau de vie, qu’il plaça sur une petite table qui était près de son lit, afin de le prendre au dernier moment quand il serait couché.

Avant d’éteindre la chandelle, il essaya encore de réveiller le volontaire, mais avec aussi peu de succès que la première fois. Il se mit donc au lit, avala son verre de punch et souffla sa chandelle. Une heure à peine s’était écoulée depuis qu’il goûtait les douceurs de ce sommeil restaurateur, quand le volontaire se réveilla. D’abord il ne put exactement définir l’état où il se trouvait, ni reconnaître l’endroit où il était. Il vit bien ou plutôt il sentit, car l’appartement était plongé dans la plus profonde obscurité, qu’il était sur un sofa. Mais quel sofa ? il n’avait pas de sofa dans sa chambre ! Il n’était donc pas chez lui : où pouvait-il être ? Ceci l’intriguait fort. Il se leva et fit un pas à tâtons, les bras étendus ; mais comme ses mains étaient plus élevées que la table, elles ne purent la lui faire reconnaître assez à temps pour l’empêcher de la culbuter avec le bol, la carafe, la bouteille et les verres qui se trouvaient dessus.

M. Édouard, réveillé en sursaut, crût que c’était un voleur ; il avait oublié le volontaire. Comme il n’avait pas d’armes près de lui, et qu’il pouvait bien être exposé à être assassiné, s’il restait dans son lit, il se glissa tout doucement et alla se mettre, droit et immobile, dans un angle du mur, près de la fenêtre dont les volets étaient fermés.

Le volontaire, paralysé par le vacarme qu’il avait fait, demeurait immobile, cherchant à se reconnaître et n’osant faire un pas. M. Édouard, de son côté,