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UNE DE PERDUE

qui mugissait sur le lac, regardant les vagues qui déferlaient sur la plage comme de larges lames d’argent qui reluisaient au clair de la lune. Chacun fumait silencieusement, absorbé dans la contemplation du spectacle toujours admirable qu’offre la nature au bord de la mer ou d’un lac, quand le souffle des vents tièdes du midi en soulève les vagues paresseuses sous un ciel des tropiques. À la gaieté du repas avait succédé un état de muette contemplation ; personne n’osait troubler les délicieuses rêveries qui semblaient soulever dans leurs esprits leur présente position.

Tom leur avait raconté la manière dont Trim avait délivré Miss Thornbull. Tom était l’ami de Trim, mais Trim ne lui avait jamais raconté l’histoire de son jeune âge ; et Tom, dont les idées ne paraissaient pas être aussi poétiques et contemplatives que celles de ses compagnons, avait grandement envie de rompre ce silonce si profond et qui lui semblait si long. Deux à trois fois il avait mis sa pipe à ses côtés, et l’avait reprise sans dire un mot. Mais enfln, comme s’il avait eu honte de se laisser dominer par la contagieuse influence qui s’était emparée de tous les autres, il toussa fortement…

— Ah ! ah ! dit-il encouragé par le débat, allons-nous rester ici muets comme des momies ?

Chacun relevât la tête et regarda Tom avec étonnement, comme s’il eut profané leur religieux recueillement. Mais Tom n’était pas homme à reculer devant un regard.

— Trim, cria-t-il, il faut que tu nous racontes ton histoire. Le mot devint électrique, le dernier exploit de Trim l’avait rendu un personnage intéressant aux yeux de ces gens et surtout de Sir Arthur.