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UNE DE PERDUE

toutes les paroisses du sud du Mississipi, qui s’introduisaient la nuit dans les habitations où les esclaves les cachaient dans leurs cases. Mais l’œuvre était difficile et dangereuse, et plusieurs années se passèrent avant qu’ils eussent pu parvenir à infuser dans l’esprit des nègres cet esprit d’indépendance qui fait mépriser la mort pour obtenir la liberté.

Enfin, à force de persévérance, Sambo avait tout préparé, et le moment de frapper le coup décisif ôtait arrivé. Il avait décidé de commencer à la paroisse St. Charles, et la torche de l’incendie, qu’il allait allumer à l’ancienne habitation de ses maîtres, devait être le signal d’un soulèvement général le long du fleuve.

Sambo commandait à tous les nègres révoltés, dont le nombre se montait à près de huit cents ; tous hommes forts, robustes et animés des sentiments les plus invétérés de haine et de vengeance contre les blancs.

Pitre, un des anciens compagnons de fuite de Sambo, avait été expédié, avec un parti, au bayou Lafourche, pour y seconder le soulèvement qui devait se faire la même nuit.

Le rendez-vous général des nègres était à l’Ile perdue. Ce rendez-vous avait été judicieusement choisi, Ceux qui en connaissaient les approches, pouvaient y arriver et du côté de la mer et du côté de la terre, en même temps qu’elle offrait une sûre retraite. Du haut des bananiers, on pouvait voir au loin dans les prairies, ce qui aurait donné le temps de se retirer au cas où il y aurait eu danger. Toute surprise était impossible, excepté qu’ils eussent été dans la plus coupable négligence ; mais sur ce point