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UNE DE PERDUE

— Tu ne le sais pas ? Eh ! Je vais te l’apprendre. Ecoute : je suis arrêté parceque toi, tu m’as dénoncé.

— Moi ?

— Oui, toi ! Joseph, Pierre, Etienne Pluchon ! Toi, qui pensais me faire condamner, pour obtenir ton pardon en te rendant témoin contre moi.

— Je vous assure…

— Tais-toi, ne dis pas un mot ; écoute ce que j’ai à dire, tu parleras après. Tu es un lâche, et tu es aussi bête que lâche. D’abord, ton témoignage ne suffira pas pour me faire condamner, et il est seul. Ensuite, quand on saura que tu as trempé dans l’assassinat de la rue Perdido…

— Docteur !.

— Silence donc ! car la preuve de cet assassinat, je l’ai en ma possession ; tu seras arrêté comme félon, et ton témoignage contre moi ne sera plus d’aucune importance. Tu seras tombé d’un embarras dans un bien plus grand ; car au lieu de quelques années de pénitencière, tout au plus, tu vas monter à l’échafaud.

Pluchon était atterré. Il fut plusieurs minutes I sans pouvoir parler, puis enfin faisant un effort il s’écria :

— Docteur, je vous jure…

— Tu mens, misérable ! Tu ne mérites pas même que l’on ait pour toi la moindre commisération. Je savais que tu étais ici prisonnier. J’aurais pu me faire admettre à caution dès aujourd’hui, mais je voulais te voir, car j’avais eu un instant pitié de toi. Mais tu mens ; et tu me mens a moi qui te connais !

— Pitié ! pitié ! dit Pluchon en tombant à genoux.

— Pitié ! ah ! oui, tu la mérites bien !