de consoler la malheureuse mère. Leur première entrevue fut des plus touchantes. « Ah ! Jean Bouchet, lui dit-elle, que dites-vous de mon malheur et de l’irréparable perte de notre famille ? Ne m’aiderez-vous pas à soutenir le faix de ma douleur, vous qui participez en la perte ? Oublierez-vous l’espoir que vous aviez en l’amour de mon fils, et le loyer du service par vous à lui faict ? Qui présentera vos petits œuvres devant les yeux des princes pour en avoir guerdon ? Qui recevra et mettra en valeur vos petites compositions ? » Bouchet célébra la mémoire de son jeune bienfaiteur dans un ouvrage intitulé : Temple de la bonne renommée.
Le seigneur de La Trémouille remplit généreusement les intentions de son fils, et bientôt Bouchet put se livrer entièrement à son, goût pour les lettres. Il publia plusieurs ouvrages en vers et en prose, qui eurent beaucoup de succès. Ses productions historiques, où les mœurs sont peintes avec une grande fidélité, seront toujours intéressantes ; ses poésies, trop négligées et remplies de longues allégories, ne lui ont pas survécu. Dans ses ouvrages sérieux, il s’éleva contre les deux principales opérations politiques du règne de François I, le concordat et la vénalité des charges. Cette hardiesse lui procura beaucoup de lecteurs, mais le priva des bienfaits du prince.
Il approchoit de cinquante ans lorsqu’il perdit le seigneur de La Trémouille. Il ne songea plus qu’à élever un monument à la gloire de son bienfaiteur ; et nous devons à sa reconnoissance les Mémoires que nous publions. Le titre de panégyrique, qu’il leur donne, ne doit point faire présumer que son ouvrage ne soit qu’une déclamation adulatrice. Bouchet, en faisant ressortir les grandes actions de son héros, ne les exagère pas ; il les présente dans leur simplicité, et elles ne produisent que plus d’effet.
Il avoit à peindre un chevalier qui, rétabli dans ses biens par les remords tardifs de Louis XI, honoré de la confiance de Charles VIII, de Louis XII et de François I,