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VII

UN EXEMPLE.


Comment on trouve la toison d’or dans nos forêts canadiennes.


Nous voulons dans ce court travail nous en tenir aux généralités, d’abord parce que nous souffrons du mal national, c’est-à-dire d’une ignorance déplorable en matière industrielle, ensuite parce que nous ne voulons pas abuser outre mesure de la patience du lecteur dans un travail qui peut paraître aride. Un exemple pourtant fera mieux comprendre notre pensée. Parmi les industries spéciales à ce pays, la première peut-être en importance, est celle de la pulpe. En voici l’origine telle que la donne M. George Johnson, dans son ouvrage « Pulpe de Bois » : —

« Grâce aux découvertes d’un savant travaillant tranquillement dans le silence d’un laboratoire « allemand », des millions, inconnus jusqu’alors, sont venus s’ajouter à la richesse du Canada. La cendrillon des arbres forestiers du Canada prend rang parmi les meilleures de ses sœurs et devient l’idole de la classe ouvrière, distribuant à pleines mains ses largesses parmi des milliers de travailleurs. » Voilà, n’est-il pas vrai, un exemple saisissant de ce que peut faire la science. Cet étranger qui, du fond de son laboratoire, nous indique des richesses bien autrement sérieuses que celles du Klondyke, ne nous fait-il pas honte, ne nous fait-il pas sentir toute notre infériorité ? Allons-nous persister dans un état aussi dégradant ? L’industrie de la pulpe est encore dans son enfance, on ne l’a encore étudiée qu’imparfaitement dans sa production et dans ses différentes applications. Avec notre système actuel, l’industrie de la pulpe restera ce qu’elle est jusqu’au jour où des étrangers, des Américains ou des Allemands probablement, qui, eux, auront la science et le capital, viendront s’en emparer. Alors, nos compatriotes deviendront, dans leur propre pays et par leur propre faute, des manœuvres ignorants et mal payés au service des étrangers. Si d’un autre côté, dans des laboratoires qui seraient établis par l’État, l’on étudiait scientifiquement cette industrie dans toutes ses applications possibles ; si le gouvernement offrait des encouragements suffisants à ceux qui voudraient entreprendre de suivre les indications de la science, soit dans la coupe, soit dans la fabrication, en y ajoutant la condition d’établir dans chaque localité où se fabrique la pulpe des écoles spéciales où les ouvriers et leurs enfants apprendraient les connaissances touchant à cette industrie ; si l’on y intéressait directement l’ouvrier au moyen d’un système de partage dans les profits, comme cela se pratique sur une grande échelle en Belgique, en France, en Allemagne et en Suisse ; non seulement nous conserverions le contrôle de cette industrie nationale, mais nous économiserions la matière première qui l’alimente ; nous aurions une population ouvrière spécialement ins-