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On le voit, c’est précisément le système que nous recommandons pour la province de Québec. Nous sommes heureux aussi de constater que dans l’opinion d’une publication financière qui fait autorité, ce système est exempt des erreurs économiques que l’on rencontre dans le système allemand.

Parmi les Canadiens-français, la richesse publique est encore assez également distribuée. Les grandes fortunes sont rares, mais la grande pauvreté est rare aussi. C’est le contraire dans les pays où l’industrie a été développée d’après un faux système économique.

D’après les calculs de statisticiens que nous avons sous les yeux, la dixième partie de la population des États-Unis possède quatre-vingt-deux pour cent de la richesse publique ; dans l’État de New-York, le plus riche de l’union, cinquante pour cent de la population n’a d’autres moyens d’existence que son travail journalier. Sans vouloir attacher une importance trop grande à ces estimations, l’on conviendra qu’il y a là un danger à éviter, et que nous ne devons pas ignorer ce qui se passe à l’étranger.

La population de la province n’est pas encore vraiment appauvrie. La richesse publique est encore assez équitablement distribuée. Conserver et rendre encore plus équitable la distribution de la richesse publique qui est le capital national, tout en l’augmentant, voilà le but. Les hommes qui nous gouvernent, nos mandataires, sont les trésoriers, les fidéi-commissaires de cette richesse. Nous avons le droit d’exiger qu’ils en fassent le meilleur usage possible. Nous les avons approuvés lorsqu’ils ont employé une portion notable de ce capital pour construire les voies ferrées qui sont les artères du commerce. Nous n’en sommes certes pas plus pauvres. Cependant, nous n’avons pas encore recueilli tous les fruits de nos sacrifices. Ce qui coule dans ces artères, c’est une richesse qui nous est en partie dérobée, nous n’en possédons que des parcelles. Pour la rendre entièrement nôtre, il faut mettre le peuple en état de participer dans les profits de l’industrie par la généralisation de l’instruction industrielle et l’encouragement et la surveillance de l’État, de telle manière que toutes les ressources du pays concourent au même but. Avec un pareil système et situés comme nous le sommes, les résultats, nous le croyons fermement, seraient bien plus grands et plus rapides qu’ils le furent jamais dans aucun autre pays du monde.