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pense. Cela comporterait les frais d’un laboratoire complet, frais qui ne se renouvelleraient pas tous les ans, — puis le traitement d’un certain nombre de professeurs et de savants. C’est cela qui coûterait le plus cher. Les autres dépenses ne seraient pas nécessairement très fortes. La construction d’édifices spéciaux s’imposerait sans doute par la suite, mais il serait facile de trouver à peu de frais, ou même sans frais, dans quelque édifice public, un logement provisoire pour une école centrale et un laboratoire de recherche industrielle. À tout événement, le maintien d’une telle école serait une charge fixe sur le revenu, charge d’ailleurs peu considérable, surtout si l’on tient compte des résultats qu’elle est destinée à produire. Le professorat ne serait ni le seul ni le plus important des devoirs des savants attachés à cette école. Ils devraient en outre et surtout étudier systématiquement les ressources naturelles de la province en vue de leur application à l’industrie, afin de constituer pour le gouvernement un guide sûr dans son œuvre d’encouragement des industries nationales.

Quant aux lois industrielles qui régleraient les conditions de l’aide donnée par l’État aux fabriques qui se conformeraient aux conditions imposées, leur opération serait graduelle, aussi graduelle que celle des lois accordant des subventions aux voies ferrées, ou que celles destinées à encourager l’industrie laitière. Il ne serait pas même nécessaire, dans la plupart des cas de débourser de l’argent, une simple garantie officielle serait tout aussi efficace. Dans ces fabriques modèles, conduites suivant les meilleures données scientifiques et appuyées par le crédit de l’État, où l’ouvrier outre son salaire participerait pour une part minime dans les profits et aurait l’avantage de l’instruction industrielle gratuite pour lui et pour ses enfants ; dans ces fabriques, disons-nous, essentiellement nationales et rigoureusement inspectées, l’on obtiendrait, suivant toutes les prévisions humaines, des résultats tels que le risque des fonds publics serait pratiquement nul. Nous verrions alors se produire dans la province une transformation industrielle au moins égale à la transformation agricole qui suivit l’introduction de l’industrie laitière. L’augmentation proportionnelle de la richesse publique et de la population justifierait un placement de fonds bien supérieur à celui qui serait véritablement engagé.

Comme nous l’avons dit, nous ne voulons pour le moment ne jeter qu’un coup d’œil général sur la question. Nous croyons cependant que pour qui voudra bien examiner la chose de près, il n’y a rien en tout cela qui ne soit pas réalisable, pourvu toujours que l’idée soit soutenue par la « vox populi ».