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Robert Lozé

et comme le corollaire de ses maximes au sujet des petites avances, il étudia la question des petites économies. Il alla même, avec le concours de quelque amis éclairés, jusqu’à participer à la fondation d’une caisse populaire où l’économie du sou était possible et où les nécessiteux, pourvu qu’ils offrissent les garanties nécessaires de respectabilité, pouvaient, à l’occasion obtenir certaines avances, non pas de marchandises mais d’argent, ce qui est bien différent.

Ce groupe d’hommes, attachait avec raison une grande importance à ces choses. Ils croyaient que l’esprit d’ordre et d’économie chez le peuple est la meilleure garantie de la vie de la nation, de sa liberté et de son avenir.

Un jour, il entra dans son bureau un client bien différent de ceux dont nous venons de parler. C’était un homme déjà âgé, qui s’occupait d’instruction publique et d’éducation et qui venait lui proposer d’intenter certaines procédures dans le but d’obtenir des réformes sanitaires dans les écoles. Ce client, M. Millais, fit lire au jeune avocat la loi régissant cette matière.

Cette loi lui paraissait bien insuffisante, il y constatait de nombreuses lacunes ; d’un autre côté, il lui signala des abus et des infractions qui faisaient de cette loi, déjà insuffisante, une lettre morte, au grand détriment de l’enfance dans plusieurs localités.

À la suite d’un long entretien avec son nouveau client, Robert lui dit :

— Je me chargerai volontiers de la poursuite de cette réforme, mais je dois vous avertir qu’une fois engagé dans cette voie je n’entends pas reculer. Il me faut donc, avant tout, être assuré des moyens de faire cette lutte et de la faire avec effet. Car nous aurons affaire à forte partie, le préjugé étant le plus obstiné des adversaires.

— Je veux bien, répondit M. Millais, mettre à votre disposition une somme fixe et suffisante — il mentionna un