taire d’un journal avec lequel il avait eu à soutenir une polémique et dont il aurait pu s’attendre à quelque fin de non recevoir, lui promit des comptes-rendus fidèles et complets et peut-être même son appui.
Robert fut agréablement surpris et lui en fit l’observation.
— Ma foi, répondit le journaliste, je ne pense pas comme vous sur certains points, mais je vous respecte parce que vous avez le courage de vos opinions.
— Mes opinions ne sont pas aussi radicales et elles sont peut-être plus pratiques que vous ne croyez, fit le jeune homme en souriant.
L’affaire fut chaudement contestée. Dans les cercles judiciaires on fut frappé de la manière dont Robert avait préparé sa cause. Le public, qui ne se rendait pas compte au même degré des difficultés de métier, s’intéressa surtout à la plaidoirie du jeune avocat. Il y expliquait dans un langage clair et sobre la raison d’être de la loi et son esprit démontrait que le texte trop timide n’allait pas aussi loin que le comportait cet esprit. Puis il établissait que cette loi insuffisante était violée par ceux-là mêmes qui avaient charge de l’appliquer. Les conséquences désastreuses de cet état de choses étaient exposées en détail et appuyées de preuves nombreuses et d’exemples navrants. Enfin, l’inanité de la défense, qui, en présence de faits aussi graves, s’appuyait uniquement sur des objections techniques, ressortait clairement. Robert était tellement préparé qu’il se montra supérieur à ses adversaires sur tous les points. Le jugement de première instance lui fut favorable et le tribunal d’appel confirma ce premier arrêt.
Alors survint une intervention inattendue. Un très haut personnage, disposant d’une influence décisive en matière scolaire, appela auprès de lui le jeune avocat et lui fit comprendre qu’il avait été frappé des révélations faites au cours de la cause.