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Robert Lozé

— Je reconnais, lui dit-il, que vous avez relevé de graves abus et je puis vous promettre dès maintenant que nous allons veiller à ce qu’il y soit porté un remède efficace et permanent. Reste la question des frais et des pénalité. Si nous pouvons régler ces points raisonnablement et à l’amiable, je dois vous dire que la lutte est terminée.

Robert comprenant toute l’importance du succès que ces paroles lui annonçaient, eut peine à réprimer un mouvement de triomphe. Il répondit cependant sans rien faire paraître de ses sentiments.

— J’ai travaillé pour le succès d’une cause qui me semblait juste et non pas pour toucher le produit des pénalités. En accepter la moindre parcelle serait à mes yeux un déshonneur. Cependant, vous le savez, une partie de ses amendes n’est pas à ma disposition ; on devrait, ce me semble, la verser entre les mains de personnes qui en feraient usage pour l’amélioration des écoles. Quant au reste, ces procédures ayant coûté du temps et de l’argent, il est juste que ceux qui les ont rendu nécessaires en acquittent les frais.

Ces conditions furent acceptées. Robert avait atteint son but. La profonde satisfaction qu’il éprouvait était partagée par M. Millais qui ne trouvait pas de mots pour la lui témoigner,

— Car, mon cher monsieur Lozé, disait-il, vous avez conduit cette affaire en maître. Sans vous, je n’aurais pas eu le courage de livrer une telle bataille.

— Sans vous, mon cher monsieur, riposta Robert, je n’en aurais pas eu l’idée.

Il est vrai que j’ai conduit cette affaire avec tout le soin dont j’étais capable ; et comme il arrive souvent lorsqu’on s’applique tout entier à une chose, j’ai réussi mieux et plus vite que je ne l’espérais. Aussi ai-je dépensé moins que je n’avais prévu, et je suis en mesure de vous rendre une bonne partie du dépôt que vous m’avez confié.