s’aimer. Le temps se mettant de la partie, ne voulut pas troubler par ses rigueurs, l’union des cœurs et des âmes qui se cimentait et devenait indissoluble entre les deux frères, au milieu de la nature grandiose et sévère de cet estuaire du Saint-Laurent. Et une circonstance les rapprochait davantage. Elle leur faisait voir combien ils étaient un, malgré la diversité de leurs carrières et de leur passé, combien est ineffaçable le sceau de la fraternité et de la commune origine. C’est ici en effet qu’il faut venir et séjourner pour comprendre le peuple dont ils étaient tous deux issus et pour évoquer son génie. Ici chaque rocher a sa légende, chaque vague roule sur les épaves d’un combat, chaque pas qu’on fait sur les rives foule la cendre des ancêtres dont le type héroïque vit encore dans la solitude. Il nous redit les qualités de cette race austère et forte dont nous descendons. Sage, persévérante, sans rancœur, sachant combattre, mais sachant attendre et recommencer, dont chaque jalon est devenu une racine qui germe et reproduit une même pensée épique guidant sa destinée. C’est bien ce lieu qui inspira, les vers immortels du poète :
Heureux qui le connaît, plus heureux qui l’habite,
Et, ne quittant jamais pour chercher d’autres cieux,
Les rives du grand fleuve où le bonheur l’invite,
Sait vivre et sait mourir où dorment ses aïeux.