nières et industrielles devenaient de plus en plus puissantes et un jour ils se précipitèrent sur la nation boer en vertu du principe immuable de la survivance du plus puissant. Alors, en dehors du sentiment naturel de sympathie que l’humanité éprouve pour le faible en face du fort, les Boers restèrent isolés et sans appui ; et ce fut par leur faute que cela arriva.
Il découle de ces événements une conséquence, c’est que ce ne sont pas seulement les sentiments patriotiques ni l’habileté dans le maniement des armes qui font un peuple et qui assurent sa vie et sa grandeur, mais bien la richesse agricole, industrielle et commerciale mise au service de quelque grande idée.
L’industrie et le commerce firent successivement de Carthage, des comptoirs grecs, de Venise et de Gênes, les arbitres du monde. Ce sont eux, avec l’appui plus solide d’une nombreuse classe agricole, laquelle est, on peut le dire, le champ de recrutement du génie, qui firent la puissance plus durable de pays modernes tels que la Hollande et l’Angleterre. Ce sont eux aussi qui feront notre puissance à nous Canadiens-français. Sans eux, nous serons toujours dans l’infériorité, non point par l’intelligence, mais par l’instruction et la richesse, c’est-à-dire au point de vue de l’influence sociale et politique.
— Voilà, dit Irène, une belle doctrine. Seulement, je voudrais bien savoir comment les pauvres Canadiens-français qui n’ont que leurs terres et leurs têtes, vont se procurer des capitaux ; comment surtout ils vont soutenir la concurrence avec les associations puissantes qui envahissent le pays, comme la vôtre, par exemple ?
— Comment ai-je commencé, Irène ?
— Avec une belle invention. Mais c’est là une exception.
— Et si j’étais devenu inventeur en restant au Canada, croyez-vous que cela m’aurait beaucoup profité ?
— Il est certain que vous n’auriez pas obtenu les mêmes encouragements.