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ROBERT LOZÉ

renards au piège. Il serait aux hommes d’aujourd’hui ce que nous serions, nous, aux hommes de demain. Et il nous fait voir quel serait notre sort dans quelques années, si nous ne nous hâtions pas de nous mettre au courant et même à la tête de tous les progrès. Nous ne tomberons jamais du rang élevé que nous occupons parmi les peuples faute de talents naturels. En effet, si vous prenez notre ami Dampierre, accoutumé dès l’enfance aux choses de la civilisation, si vous lui supposez les mêmes aptitudes natives, mais développées par l’instruction et l’entraînement qui conviennent à notre époque, alors ses qualités extraordinaires, qui, sans cette préparation lui seraient inutiles deviendraient une force irrésistible. Cet homme serait au premier rang dans la vie civilisée comme il l’est dans la vie sauvage.

L’histoire nous offre à chaque page des exemples de ce que j’avance. Et dans ces derniers temps nous en avons vu une confirmation frappante et qui nous touche d’assez près. C’est une leçon sérieuse dont nous ferons bien de profiter. Ce qui a fait le malheur des Boers d’Afrique, c’est qu’ils se sont refusés au progrès. Avec d’immenses ressources minières et industrielles, ils auraient pu rendre leur pays extrêmement riche et d’un commerce puissant. Leurs relations se seraient étendues par toute la terre. Ils auraient trouvé, s’ils avaient ainsi fait, dans tous les pays du monde, sans en excepter l’Angleterre, des amis intéressés au maintien de la paix. L’influence collective de ces intérêts aurait retenu la main du gouvernement anglais ; car les intérêts financiers sont irrésistibles, aucune puissance n’est assez forte pour les contrecarrer bien longtemps. Mais les Boers se refusèrent à l’effort qui était la condition de leur indépendance. Ils préférèrent rester pasteurs. Ils laissèrent aux étrangers l’exploitation de leurs mines et de leurs ressources. Le gouvernement boer se contenta de profiter des circonstances pour prélever un tribut sur ces étrangers. Cependant, les compagnies mi-