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CHAPITRE XX

les piliers.


À la hauteur de la Pointe-des-Monts, l’Alice s’était éloignée de la côte nord. Poussée par une forte brise du nord-est, elle remontait maintenant le fleuve dans le chenal des navires. On espérait de se rendre ainsi jusqu’à Québec où se terminerait la croisière.

Partout autour du yacht, la mer était vivante. Des troupeaux blancs de marsouins se jouaient à la surface ; des loups-marins montraient leur tête de dogue ; quelquefois, on voyait au loin le dos noir d’une baleine. Des oiseaux aquatiques, des outardes et des canards traversaient les airs en volées innombrables et quand, vers le soir, le vent venait à tomber, on les voyait s’abattre et se reposer en longues lignes grises et blanches sur les eaux.

On échangeait des saluts de pavillon avec des navires de toutes espèces et de toute grandeur, souvent aussi quelques paroles au moyen du porte-voix. Pour les quatre jeunes gens, toute rencontre était un événement et toute voile un sujet de curiosité. Cette curiosité leur était rendue par la plupart de ceux qu’ils rencontraient, car les marins du golfe sont des connaisseurs. Ils sont constructeurs et armateurs, en même temps que les meilleurs marins du monde. Ce sont eux, nous dit le capitaine Bernier, qu’on choisit de préférence pour les expéditions polaires et autres entreprises difficiles. Ils ne se sont pas contentés non plus de construire des goélettes et autres navires de faible tonnage. Pendant longtemps ils furent, dans les chantiers de Québec, des