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ROBERT LOZÉ

tout mon passé. J’aurai désormais tout mon temps pour y réfléchir, car je suis peut-être destiné à y mourir seul. Mes enfants doivent me quitter bientôt. Ils seraient déjà partis sans l’accident qui les a ramenés sous mon toit. C’est même pour cela, M. Lozé, que nous vous avons écrit. Mon gendre M. Gardner, est maintenant Sir Lionel Gardner. Il hérite des biens et du titre de sa famille et sa femme doit le suivre en Angleterre.

— Non pas, si vous désirez nous garder auprès de vous, mon cher père, interrompit Sir Lionel.

— C’est au contraire, vous le savez, mon désir qu’elle vous accompagne.

— Mais pourquoi ne pas venir vous-même avec nous ?

— Je ne le puis, Lionel. Je suis vieux et ma santé est chancelante. Allez tous les deux prendre possession de votre héritage. Un peu plus tard, vous reviendrez me consoler.

Quant à vous, M. Lozé, Sir Lionel désire, nous désirons tous que vous vous chargiez de la gérance de nos intérêts ici, car ces intérêts sont considérables ; ils ne sont pas seulement locaux, nous avons besoin d’un gérant, et nous avons confiance en vous.

On félicita Sir Lionel et Lady Gardner sur la bonne fortune qui leur était échue, et Robert, après une conférence avec Sir Lionel, accepta la gérance qui lui était offerte.

Cependant, la visite s’était prolongée pendant plusieurs jours et il fallait songer au départ. On se sépara avec un regret sincère.

Quelques jours avaient, en effet, suffi pour faire naître une véritable intimité entre tous ces jeunes gens. Ils étaient à ce tournant de la vie où se forment les relations les plus durables, puisque c’est alors que l’on s’établit. Avant cette époque, les visées peuvent être instables, l’avenir est plus incertain. Après, on noue peu de relations intimes, on