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ROBERT LOZÉ

intimes, on vit chez soi ou dans le petit cercle qu’on s’est formé. Mais en ce moment-là, la destinée se dessine et les portes entr’ouvertes de l’avenir invitent aux épanchements et aux plus douces espérances.

Irène partit avec Alice et Jean, mais avant son départ, Robert obtint d’elle la promesse que le printemps prochain, ils partiraient ensemble pour un voyage qui ne se terminerait qu’avec la vie.

Quant à Robert il resta auprès de ses nouveaux amis jusqu’au départ de Lionel et de Lucienne. Il jouissait d’une bien douce satisfaction et d’un bonheur très réel, celui d’avoir su, par sa conduite honnête et courageuse, inspirer une entière confiance à d’aussi excellentes gens.

Enfin vint le jour de la séparation. Ce fut un moment bien triste que celui où Lucienne, appuyée au bras de son mari, sur le pont du navire qui s’éloignait, envoya de la main à son père un dernier baiser d’adieu.

Le steamer disparut derrière l’île d’Orléans et le jeune homme reconduisit chez lui M. de la Chenaye. La maison paraissait bien grande à ce pauvre père affligé, mais sa vieille ménagère était là et on pouvait être sûr qu’il ne manquerait pas de soins. Puis, Lucienne écrirait souvent et la séparation ne serait pas éternelle. Ces réflexions le consolaient un peu, et il était plein de courage lorsque Robert, s’étant mis au courant de ses nouveaux devoirs, le quitta à son tour pour se remettre au travail.