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ROBERT LOZÉ

intentions et ces suppositions avaient plutôt augmenté que diminué la chaleur de leur accueil. Il venait chercher femme, pensait-on, et, étant donné l’approche d’une élection, peut-être sonder le terrain en vue d’une candidature. Ces deux idées plaisaient à sa famille. On ne manqua pas même d’y faire allusion sous forme de badinage. Le jeune homme, préoccupé, ne comprit guère ces allusions, mais lui-même, sans y penser, confirma par sa conduite les conjectures de ses parents.

Habituée à voir souvent la vieille dame Lozé, Irène ne voulut pas interrompre ses visites à cause de l’arrivée de Robert, ce qui eut été remarqué. Dans un cas ordinaire, elle n’eut pas même songé à cela, mais elle portait peut-être plus d’intérêt à Robert qu’à tout autre jeune homme. Elle vint donc comme à l’ordinaire.

Robert qui après les premiers jours se trouvait à peu près désœuvré, s’accoutuma bientôt à la société de la jeune fille. Les jours où Irène ne venait pas chez madame Lozé, il faisait de la maison du médecin le but de sa promenade. Il y était toujours le bienvenu. Les jeunes gens se promenaient souvent sous les arbres du « domaine. » Robert, bon causeur devant cette amie sympathique, racontait mille détails de la vie qu’on menait à Montréal. Irène lui redisait les choses et les traditions du pays.

Un jour, la conversation fut moins animée que d’habitude. Irène paraissait préoccupée. Peut-être une allusion faite par Robert à son prochain départ contribua-t-elle à cette préoccupation. Mais lorsque celui-ci, s’en apercevant, lui en demanda la cause, elle se garda bien de la lui laisser deviner.

— Je suis en effet un peu inquiète au sujet de mon père, dit elle.

— J’en suis sincèrement peiné. Cependant sa santé me paraît excellente.

— C’est vrai. Pour son âge, il est encore vigoureux. Mais