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robert lozé

mais la vie et l’honneur d’une femme, sa fiancée, qui lui était plus chère que l’existence même. Puis, avait-il tué ? Il était sans arme, sa main même n’avait pas frappé. Il n’avait fait que rejeter loin de lui son agresseur dont les doigts restaient encore imprimes sur son cou. Sur tout autre terrain, l’homme ne fut pas mort. Non, décidément, il n’avait rien à craindre.

Les constables faisaient cercle autour de lui, écoutant son récit. Leur contenance lui paraissait sympathique, mais, bouche close par la discipline, ils attendaient le « fiat » du sergent. Celui-ci, le récit terminé, tira sa montre.

— Onze heures, dit-il. Il vaut mieux que vous passiez la nuit ici. Demain matin, nous verrons.

Le jeune homme se jeta tout habillé sur un banc-lit qu’on lui indiquait dans un coin, et, fatigué des émotions de la soirée, il s’endormit bientôt profondément. Son sommeil ne fut pas sans rêves. Il se vit saisir par un démon affreux qui allait l’entraîner dans un gouffre sans fond, lorsque apparut un ange qui ressemblait à Louise, et à cette vue le mauvais esprit s’évanouit en fumée.