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Robert Lozé

Et ce soir-là même, entamant sa tâche, il recommençait la lecture des commentateurs du code civil avec une intelligence bien autrement profonde de leur philosophie qu’il y avait apporté auparavant. À partir de ce jour, fidèle à son programme, il s’appliqua particulièrement à démêler l’esprit des lois dont il connaissait la lettre.

Il vint un temps, et plus tôt qu’on ne pourrait le croire, où il fut en état de juger, où le vrai et le faux en droit — c’est-à-dire en matière morale et sociale, car ces choses se tiennent — ne furent plus pour lui de vains mots. Erreurs, abus, points faibles ressortaient dans son esprit comme autant de taches qui l’obsédaient et qu’il voulait à tout prix effacer. Des remèdes, au moins des remèdes tentatifs s’offrant à sa pensée, il ne pouvait s’empêcher de les faire connaître. Aussi, bientôt, dans les publications de jurisprudence, le nom de Robert Lozé commença à paraître. Ces écrits, traitant de sujets bien médités, pleins d’idées neuves, inspirés par une évidente bonne foi, commençaient à capter l’attention. Ceux qui, au barreau surtout, avaient connu le Robert d’autrefois, se frottaient les yeux, en lisant, car l’auteur de ces lignes n’était certes pas un vulgaire chicanier. On y voyait poindre le philosophe et le juriste.

C’est assez dire que le jeune homme se passionnait pour sa nouvelle vie. Acceptée d’abord comme un sacrifice nécessaire, il y trouvait dès les premiers mois, des compensations telles qu’il en était tout étonné. Lui qui avait redouté les humiliations et les quolibets, il était entouré d’un respect toujours grandissant et qui lui causait une satisfaction profonde,

Être fidèle à ses résolutions ! Mais à vrai dire, maintenant, il n’avait aucune tentation de ne pas l’être. Dans cette vie, que sous certains rapports on pourrait appeler austère, ses revenus très diminués, avec les quelques ressources ménagées au début, suffisaient à ses besoins. Chose