Page:Bouchor - Israël en Égypte, 1888.djvu/18

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sol, coup sur coup, empiétant l’une sur l’autre, et se mêlant ensuite dans une pieuse et douce harmonie ! Hændel est incomparable pour ces sortes d’attaques ; et je ne crois pas que l’intensité de tels effets puisse être dépassée. Je dois transcrire ici, avec respect, les noms de mademoiselle Pia von Sicherer et de mademoiselle Paravicini, qui ont chanté ce duo : je l’entends encore aussi distinctement que si j’étais dans la cathédrale de Bâle.

Le duo des basses, chanté par MM. Staudigl et Engelberger, fit un puissant contraste avec celui des soprani. La première basse, plus riche et plus veloutée, s’unissait magnifiquement à l’autre, remarquable par la profondeur et la force. Il y eut une surprenante vigueur dans la double attaque de la phrase initiale : « Le Seigneur est un homme de guerre ! » et les syllabes germaniques, avec leurs rudes aspirations et leurs roulements de tambours, sonnaient âprement dans la grande nef. Il faudrait être bien affadi par les langueurs de la musique moderne, toujours saturée de rêve, à la fois voluptueuse et souffreteuse, pour ne pas tressaillir de joie dès le prélude instrumental de ce duo, écrit dans le