Page:Bouchor - Israël en Égypte, 1888.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus éclatant la majeur, et où le staccato des hautbois alterne avec les cordes qui chantent, le tout ponctué par des bassons goguenards qui semblent rire dans leur barbe de la terrible noyade de la Mer Rouge.

J’ai ouï dire mainte fois que Beethoven avait donné aux instruments de l’orchestre une signification plus étendue que ne faisaient ses prédécesseurs, et qu’il avait employé le hautbois, notamment, à toute sorte de fins, tandis qu’on le reléguait jadis dans le genre pastoral. Que la foudre m’écrase si je veux rabaisser la gloire de Beethoven ! Mais il ne faut pas s’imaginer que Bach et Hændel condamnent le hautbois à l’églogue sempiternelle. Dans l’air avec chœurs de la Passion : « Je veux veiller auprès de Jésus… », le hautbois, d’un bout à l’autre de cette tendre et douloureuse mélodie, ne cesse de faire entendre ses plaintes : et il n’y a là ni pasteurs ni troupeaux, — rien qu’une âme souffrante, enveloppée par la pieuse compassion de ceux pour qui elle souffre. Hændel a souvent le hautbois héroïque. Il en tire de merveilleux effets en le mêlant au tambour. Il est vrai qu’on peut alors s’imaginer un peuple pas-