Sans cela il serait vraiment inexplicable qu’après le Nil changé en sang, les grenouilles, les mouches, les sauterelles, la peste et les pustules, et encore cette grêle mêlée d’éclairs, il se fût obstiné à retenir les Hébreux. Mais voici une plaie plus affreuse que les autres. Moïse étendit sa main vers le ciel : et les ténèbres descendirent sur le pays d’Égypte. Elles durèrent trois jours. Ces ténèbres, Hændel les a rendues visibles et palpables, il en a presque donné l’odeur et le goût funèbres par un chœur à quatre voix, d’une extrême lenteur, qui fait la nuit autour de ceux qui l’écoutent, qui leur oppresse le cœur et qui les terrifie. Je ne sais rien qui donne plus fortement l’impression d’une hideuse réalité. Au début le son de l’orchestre est voilé : des hautbois et des violons jouant dans le grave se mêlent au basson, et il en résulte quelque chose comme la sonorité mystérieuse de cors que l’on écouterait en rêve. Ceci montre que Hændel savait, lorsqu’il le jugeait à propos, fondre les diverses voix de l’orchestre et donner par elles l’impression d’un seul instrument. L’orchestre, à ce début, joue très doucement, et il en est ainsi jusqu’à la fin du chœur, qui s’achève pianissimo.
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