Page:Bouchor - Israël en Égypte, 1888.djvu/45

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Mais l’orgue, qui enveloppe les chœurs d’Israël de sonorités magnifiques, fait ronfler tout à coup une effrayante pédale de trente-deux pieds : l’impression en est si puissante qu’elle devient presque douloureuse. Le chœur chante : « Il fit descendre d’épaisses ténèbres sur tout le pays ; mais des ténèbres que l’on aurait pu saisir. » Cela s’assombrit de plus en plus ; les harmonies deviennent lugubres ; les bémols se multiplient jusqu’à former des grappes sur la portée. Trois jours ainsi : on ne se voit pas les uns les autres, et personne ne se lève de sa place. Les voix du chœur se séparent ; elles semblent s’interroger et se répondre, toujours très lentement, sans éclat, sans une lueur d’espérance. C’est un récitatif dialogué, des confidences échangées dans les ténèbres par des voix d’une surhumaine puissance, mais qui ont peur de s’entendre. L’orchestre fait de longues tenues ; et le chœur finit par des murmures si faibles qu’on ne les distingue plus du silence.

A peine les ténèbres furent-elles dissipées que Pharaon reprit sa parole une fois encore, et ne voulut point laisser partir Israël. Alors l’Éternel frappa un coup décisif. Ce n’est point,