Page:Bouchor - Israël en Égypte, 1888.djvu/49

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Le chœur interrompt brusquement sa suave et pastorale rêverie. « Mais quant à son peuple… » et ici commence un thème fugué, — car il ne saurait y avoir de vraie joie sans un peu de fugue, ou des imitations subtiles, ou quelque petit canon bien nourri. « Il les emmena chargés d’or et d’argent. » Chose imprévue et pourtant bien naturelle, ces paroles sont dites avec une effusion extraordinaire. Il s’y mêle une vraie tendresse et une exultation de sauvages. Il aime son Israël, ce Dieu terrible ; il le conduit à travers les solitudes ; il marche lui-même en tête de la caravane ; il est la blanche nuée du jour et, le soir, la spirale ardente. Mais ce n’est point assez qu’il se fasse le guide de son peuple : il a eu soin de l’enrichir au départ. Et les joyaux de l’Égypte brilleront dans la sombre chevelure ou sur la peau ambrée des belles filles d’Israël. L’attaque du chœur par les voix féminines me transporte. C’est clair et vibrant comme un sujet et une réponse de fugue lancés par les premiers et seconds violons dans les hauteurs du ciel ; mais c’est plus doux, plus velouté, plus riche. Les ténors et basses reproduisent les mêmes dessins, et le chœur roule avec une force irrésistible.