Page:Bouchor - Israël en Égypte, 1888.djvu/50

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Je ne dis rien du morceau suivant : « L’Égypte à leur départ se réjouit », car il ne fut point chanté à Bâle.

Une clameur s’élève. Ce sont les huit énormes voix du chœur qui, sur un rythme lent et saccadé, s’écrient : « Il souffla sur la Mer Rouge. » L’orgue en même temps a ouvert toutes ses écluses et lâché ses grandes eaux. Puis, après un silence, les voix seules disent avec terreur : « Et elle fut séchée. »

« Il les conduisit à travers l’abîme comme à travers une solitude. » Cette fois ce sont les basses qui exposent le sujet. Il est, presque jusqu’à la fin, formé de notes égales, et fait songer à des pas immenses, réguliers, d’une force et d’une pesanteur colossales. Je retrouve là cette nuance de comique à la Michel-Ange qui me plaît par-dessus tout. Hændel a eu soin de faire accompagner par le basson ces enjambées formidables. Tandis qu’elles arpentent le lit de la Mer Rouge, le vent d’est souffle avec force ; et les traits rapides qui partent de tous côtés dans la masse tumultueuse du chœur me font voir la mer, violemment caressée à rebrousse-poil, qui fuit devant le souffle de Dieu. Remarquez le