Page:Bouchor - Les Poëmes de l’amour et de la mer, 1876.djvu/20

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Ô ciel qui de ses yeux dois porter la couleur,
Brise qui vas chanter dans les lilas en fleur
Pour en sortir tout embaumée,
Ruisseaux qui mouillerez sa robe, ô verts sentiers,
Vous qui tressaillerez sous ses chers petits pieds,
Faites-moi voir ma bien aimée !

Je ne la connais pas : pourtant — je l’ai juré —
En la voyant passer je la reconnaîtrai
À son pied mignon qui se cambre,
Au sourire, aux cheveux entortillés, pareils
Aux grappes des lilas qu’un baiser du soleil
Aurait faits blonds comme de l’ambre.

L’herbe sent bon, les fleurs ont les yeux demi-clos,
La lumière est joyeuse et danse sur les flots —
J’entends là-bas chanter un merle…
Oh ! puissé-je la voir, être son bien-aimé,
Et qu’elle porte au cœur une rose de mai
Ou des lilas couleur de perle !