Page:Bouchor - Les Poëmes de l’amour et de la mer, 1876.djvu/25

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Heureux les jeunes cœurs qui, par de telles nuits,
Pourront s’épanouir sous les cieux éblouis ;
Qui, n’ayant pas vécu leurs floraisons dernières,
S’effeuilleront au vent des amours printanières !

Qui seront de beaux lis d’un éclat immortel,
Et qui parfumeront la montagne et le ciel…
Ils s’en iront s’asseoir, pensifs, sur la falaise,
Et, sans aucun remords, pourront s’aimer à l’aise.

Ils seront bien heureux et s’aimeront assez
Pour ne jamais songer à compter leurs baisers ;
Ils auront devant eux la mer, la nuit immense,
Et leurs amours voilés seront faits de silence.