Page:Bouchor - Les Poëmes de l’amour et de la mer, 1876.djvu/328

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J’aime encor les nuits sans pareilles
Et les soirs pleins d’enchantements
Où résonnait à mon oreille
La musique de nos serments.

Tendresse de la femme aimée
Qui m’enchaînait près de son cœur
Dans une étreinte parfumée,
Ton souvenir reste vainqueur !

Et toi, grand océan sublime,
Mouvante lumière des flots,
Vagues énormes dont la cime
Lançait au ciel les matelots,

Ce que j’ai dépensé de vie
De souffrance et de plaisir fou,
Double chimère poursuivie,
Vous m’avez tout pris — gardez tout !

Défunt amour, sans épouvante
Je descendrai dans ton caveau ;
Ô mer, qu’il éclaire ou qu’il vente,
Je te serai toujours dévot.